Autre et paysage

A quel moment le ciel avait-il viré au gris sombre ? Difficile de se souvenir...
C'était un matin ou hier au soir ?

Il y avait un personnage rouge qui déambulait lentement le long du pré. Dans la pénombre matinale.
C'était au jour naissant. Juste avant que la pluie ne vienne troubler la vue.
La vieille masure qui avait servi de hangar à tracteur, disparaissait là-bas au centre du champ. Elle devint comme un refuge contre le vent violent qui brusquement transforma une averse en ouragan.

Plus tard dans l'après-midi, lorsque le soleil revint, il put sentir les odeurs de la terre qui séchait. Il prit un hebdomadaire qui trainait sur la table pour le parcourir. Mais c'est bien plutôt l'envie de retrouver la nature encore humide et odorante qui l'entraîna sur un chemin rempli de flaques d'eau stagnantes.

Le personnage rouge tournait sur lui-même. Il finit par disparaître derrière le bois.Il marcha jusqu'aux première futaies et alla se perdre dans les feuillages orange, lie de vin, vert et jaune de l'automne. Pour entendre l'écho d'une sensibilité fragile, parfois délaissée, sous la pression d'un flot quotidien d'événements insistant allant jusqu'à détourner son attention, en particulier avec le brouhaha des conversationsincessantes. Il fallait traverser le chemin et se laisser descendre vers la rivière ombragée.

Un jour dans le profond de l'après-midi sous le ciel bleu, accompagné par le chant les insectes, il entendit enfin le maelstrom de l'univers. Mais c'était avant l'automne.

Bientôt la nuit ensevelissante avec le froid, la neige... cet autre du monde

Encore les couleurs de la saison en cours pour goûter l'apaisement du jour.

J-A. Murat (Avril 2011)